<248>Ces instruments dont les coups nous abattent,
Que peut contre eux la valeur des humains?
Le Pulawski se boursoufle de gloire;
Tout bonnement il pense que c'est lui,
De Czenstochow le vengeur et l'appui,
A qui l'on doit l'honneur de la victoire.
Mais les frapparts et tous les encloîtrés,
Par le Seigneur sur ces faits inspirés,
Surent bientôt en divulguer l'histoire.
Ce conte fit l'entretien des bigots,
Et chacun sut que pour son tabernacle
La bonne Vierge avait fait ce miracle.
Pulawski même et sa troupe de sots
Se complaisaient à publier la chose :
« Dieu nous soutient, nous défendons sa cause,
Se disaient-ils, nous battrons ces marauds. »
La belle aussi, mais qui n'était pas vierge,
Que Pulawski chérit si tendrement,
Pour la madone alla dévotement
A son honneur faire allumer un cierge;
Elle sent bien que du violement
Sa main divine en ce jour l'a sauvée.
Tandis qu'ainsi leur troupe est abreuvée
De pure joie et de contentement,
Que nos guerriers, frappés d'un grand miracle,
S'imaginaient assez légèrement
Être montés tout au haut du pinacle
De la fortune, et que dans l'univers
Ils ne craignaient contre-temps ni revers,
Voilà-t-il pas qu'arrive la nouvelle
Que du Grand Turc le puissant armement,