<72>Comme vous, il fut libertin.
Il demandait, en sa jeunesse,
Au Dieu maître de son destin
Que chez lui l'austère sagesse
Ne fût qu'un fruit de sa vieillesse;
Ce débauché, ce vrai lutin,
Pieux scélérat, homme divin,
De ses ébats, de son ivresse
Se refaisait chez sa catin.
Comme lui, vous êtes un saint,
Non pas un saint à la Lucrèce,6
Mais un saint qu'en l'antique Grèce
Sapho n'aurait pas méprisé,
Que Neuville, cette Circé
Pleine d'amour et de tendresse,
Sans sacrement eût épousé,
Et que La Roche,7 bonne dame,
Chérit bien du fond de son âme.
Suivez, Chasot, de vos plaisirs
La carrière pleine de charmes;
Poussez jusqu'au bout vos désirs,
Faites verser de douces larmes,
De ces pleurs qu'un plaisir nouveau
Tire des yeux de l'innocence,
Et que la pudeur au tombeau
Verse au sein de la jouissance.
Goûtez les jours délicieux
Que voit éclore le bel âge,
6 Lucrèce, qui se tua par chasteté.
7 Personne charitable qui rend au public de Berlin le même service que Mercure rendait dans l'Olympe au maître des dieux.