<8>Sans toi, dans l'éternelle nuit,
Sans corps et sans intelligence,
Je n'eus point reçu l'existence,
Et l'amour ne m'eût point produit.
La droite raison, qui m'éclaire
De tes dons les plus précieux,
De la fange de cette terre
Élève mon esprit aux cieux.
Dans le moindre de tes ouvrages
Elle me montre les images
D'un Dieu puissant, d'un Créateur;
Le ver qui rampe sur la terre
Plus que la foudre et le tonnerre
Me fait adorer ta grandeur.
Le monde, ce superbe ouvrage,
Qui suffit à tous nos besoins,
Les biens dont tu permets l'usage,
Dont nous jouissons par tes soins,
Toutes les douceurs de la vie,
Les faveurs dont tu l'as remplie,
Tout fut fait pour nous contenter;
Et ton infinie sagesse
Dans ce monde m'offre sans cesse
Tout ce que j'y puis souhaiter.
Voyez du sein de l'opulence
Sortir la troupe des beaux-arts.
Ils sont conduits par la Science,
Et, rangés sous ses étendards,