<II>Frédéric avait eu dans sa jeunesse l'intention d'écrire une tragédie et une épopée. Il parle de la tragédie dans sa lettre à Voltaire, du 3 février 1739; le sujet en était tiré de l'Énéide; c'était le touchant épisode de Nisus et Euryale. Quant à l'épopée, il en parle dans une lettre à Algarotti, du 11 octobre 1740, sans en dire le titre. Nous ignorons si le sujet de ce poëme était peut-être Gustave Wasa, dont il pensait, en 1752, à faire le héros d'une épopée, comme nous le voyons par la lettre de Voltaire au Roi, du 5 septembre de la même année. Cependant Frédéric n'a rien écrit, ni de la tragédie, ni de l'épopée.
On trouve dans la liste de M. Villaume (J.-D.-E. Preuss, Friedrich der Grosse als Schriftsteller, p. 9) une tragédie d'Alexis attribuée à Frédéric; mais cette tragédie n'est autre chose que l'Irène de Voltaire, titre sous lequel elle est plus connue; cette pièce avait été demandée par le Roi à la famille du poëte après la mort de celui-ci. D'un autre côté, d'Alembert dit dans sa lettre au Roi, du 3 juillet 1778, en parlant de Voltaire : « Quoique sa tragédie d'Irène ne vaille ni Zaïre ni Mahomet, elle est encore fort supérieure à toutes les tragédies qu'on nous donne aujourd'hui. On m'a dit que V. M. l'a fait demander à la famille, qui sans doute se fera un plaisir et un devoir de procurer cette lecture à V. M. » Les héritiers de feu Mme la comtesse d'Itzenplitz sont en possession du manuscrit, à la fin duquel se trouve cette note : « J'ai lu, par ordre de monsieur le lieutenant-général de police, Alexis, tragédie, et je n'ai rien trouvé qui m'ait paru devoir en empêcher la représentation ni l'impression. »
« A Paris, le 6 janvier 1778. (Signé) Suard. »
Les Œuvres posthumes de Frédéric le Grand, édition de Bâle, t. III, et le Supplément aux Œuvres posthumes, édition de Berlin, t. I, attribuent mal à propos à Frédéric la comédie en vers de Tantale en procès (1753), dans laquelle Voltaire joue, sous le nom d'Engoule-tout, le personnage de Tantale en procès ave Ismaël, joaillier juif; l'auteur de cette pièce est M. Pottier, poëte de la cour du margrave Charles. Voyez La Prusse littéraire sous Frédéric II, par l'abbé Denina. A Berlin, 1791, t. III, p. 165 et 166.
On trouve de plus dans les Œuvres posthumes de Frédéric II, A Berlin, 1788, t. VI, p. 129-138, un Dialogue entre Marc-Aurèle et un récollet. Cette pièce vraiment intéressante a aussi été attribuée à Frédéric par M. Camille Paganel dans son Histoire de Frédéric-le-Grand, Paris, 1830, t. II, où on lit, p. 400 : « Le lecteur ne trouvera pas sans quelque plaisir, je pense, à la fin du volume, ce morceau plein d'une gaieté fine et mordante. » Le Dialogue y est en effet réimprimé, p. 514 à 518, parmi les Pièces justificatives. Cependant ce n'est pas l'ouvrage du roi de Prusse, mais de Voltaire. La lettre de celui-ci à Frédéric, du 5 juin 1751, et le fait que le Dialogue a été mis au nombre des œuvres de Voltaire dans l'excel-