<117> caprice, suffit pour rompre ces liens qui devraient être perpétuels; on ambitionne la renommée d'homme à bonnes fortunes, on porte le trouble dans la maison de son voisin, on brouille une autre famille, en même temps qu'on introduit chez soi la dissension domestique. Celle à qui l'on devait sa foi ne veut pas souffrir en vain les outrages qu'elle reçoit; elle trouve une douceur funeste dans la vengeance. Aussitôt la paix est bannie de la maison; le soupçon, la jalousie, les emportements, la fureur, les haines implacables règnent dans ces cœurs où l'union et l'amour devraient seuls habiter; il n'est plus ni tendresse, ni douceur, ni retour, ni pardon à espérer, et l'habitation de ces époux, qui devait être un paradis terrestre, devient une demeure infernale. Voilà, mes frères, comme le vice, qui se présente sous des formes si flatteuses, empoisonne les jours des hommes qui s'abandonnent à ses séductions. Comparez le bonheur dont Matthieu Reinhart jouissait, avec le désordre que je viens de vous dépeindre : chez l'un vous trouvez la félicité, chez l'autre le désespoir; l'un a une âme tranquille, l'autre une conscience bourrelée; le premier, en retournant chez lui, y trouve une amie dans le sein de laquelle il peut épancher son cœur, le second y trouve une furie armée de serpents, prête à conspirer sa ruine. O fatale erreur qui nous perd dans ce monde et dans l'autre, qui nous prive d'un bonheur dont nous étions susceptibles, en allumant en nous le feu des passions désordonnées qui nous précipitent dans la perdition!
Un bon mari, mes chers auditeurs, est d'ordinaire un bon père; un cœur tendre n'est point dénaturé, il aime en ses enfants son propre ouvrage, et il respecte en eux l'image du Très-Haut qu'il leur a imprimée. Ce vertueux citoyen s'occupait sérieusement du soin de donner une bonne éducation à ses enfants; il les regardait comme des membres de la patrie, qu'il élevait pour elle. Il disait souvent : Je ne pense pas à leur laisser des richesses; mais ils hériteront de moi