<184>couvert par plusieurs déserteurs catholiques, apostoliques, romains, qui, ayant été soufflés trop fortement, et en ayant pris la colique, ont bien reconnu que la célérité de leur marche était une œuvre diabolique.
La nouvelle de l'approche du roi de Prusse obligea les Russes et les Autrichiens à quitter le Brandebourg. Ce prince, apprenant en chemin la retraite de ses ennemis, entra en Saxe. A peine y fut-il, que l'armée de l'Empire et le corps des Würtembergeois furent obligés de se retirer. Il leur était impossible de pouvoir soutenir l'odeur de soufre qu'exhalaient les troupes prussiennes; la communication qu'ils avaient eue en chemin avec les diables qui les avaient conduits leur donnait quelque chose de si infernal dans la physionomie, que deux armées qui avaient été sept mois à conquérir la Saxe en furent chassées dans moins de cinq jours par une poignée de hussards hérétiques dans les corps desquels s'étaient sans doute incarnés des démons avec lesquels il n'aurait pas convenu que les saintes troupes des évêques de Mayence, de Trèves, de Cologne, de Bamberg, eussent rien eu à démêler : non sunt miscenda sacra profanis. Si l'œuvre de Satan n'avait pas eu lieu, qui peut croire que des Prussiens eussent non seulement osé résister à l'armée de l'exécution de l'Empire, mais la chasser comme le vent chasse les nuages? Il n'y a qu'à lire les journaux qu'on a publiés pendant sept mois dans toutes les gazettes, des faits et gestes de cette redoutable armée, et l'on verra si les Français sous le grand Condé et les braves Autrichiens sous le prince Eugène ont jamais rien fait de plus glorieux.
La retraite de l'armée de l'Empire et celle du corps des Würtembergeois laissa la défense de la Saxe aux seuls Autrichiens; ils crurent devoir occuper le camp inattaquable qui est sous la ville de Torgau, et dans lequel le général Hülsen, avec une poignée de monde, avait tenu bon, pendant la moitié de la campagne, contre l'armée de l'Em-