<194> ces tendres ceps de vigne qui forment des berceaux dans nos campagnes fécondes.

Il nous reste, mes chers frères, en finissant, de vous conjurer par les entrailles de la miséricorde de Dieu de vous comporter avec zèle et avec une pieuse vigueur dans la poursuite de l'impie à l'extirpation duquel est attachée la fin de nos calamités et la bénédiction céleste. L'Église est un rocher inébranlable où les flots de l'erreur viennent se briser sans le léser. Tenez, mes chers frères, à ce rocher, à ce sûr asile, et votre foi triomphante verra la philosophie téméraire et la raison hautaine terrassées à ses pieds.

Vous êtes notre troupeau, nous sommes votre berger; en cette qualité, notre devoir est de vous avertir et de vous prévenir contre les ouvrages d'iniquité qui se répandent, contre ces vapeurs sombres qui sortent du puits de l'abîme, et qui exhalent la corruption et la mort éternelle. A ces causes, vu les livres qui ont pour titre : Lettres juives, chinoises, cabalistiques, Philosophie du bon sens, Commentaire sur Ocellus, sur Timée de Locres, Vie de l'empereur Julien; après les avoir examinés avec des personnes d'une piété éminente, et y avoir trouvé partout des assertions erronées, hérétiques, sentant l'hérésie, choquant les oreilles pieuses, malsonnantes, blasphématoires; en conséquence nous défendons à toute personne de notre diocèse de lire ou retenir lesdits livres, sous les peines de droit; nous dévouons l'auteur à l'anathème, où son partage sera avec Coré, Dathan et Abiram,a et voulons que notre présent mandement soit lu aux prônes des messes paroissiales des églises, villes et faubourgs de notre diocèse.

Donné à Aix, en notre palais épiscopal, le 15 mars 1766.

Antoine de Brancas,
évêque de Provence.


a Nombres, chap. XVI.