<64> avaient besoin; de sorte que, loin d'avoir sujet de nous plaindre de lui, nous lui sommes redevables, pour la plupart, de nos places, de ses instructions, de ses conseils, de ses lumières et de son exemple.
L'auteur du libelle contre M. de Maupertuis est sans doute très-mal instruit de ce qui se passe dans notre Académie et de l'esprit qui l'anime. Nous n'avons jamais eu de querelles, parce que nous n'avons point donné entrée à l'esprit de parti; lorsque nos opinions sont différentes, cela ne nous conduit qu'aux dissertations, et jamais aux disputes. Nous croyons que c'est aux philosophes à donner l'exemple au peuple, et que ceux qui cherchent la vérité de bonne foi ne sont point opiniâtres; moins prévenus d'eux-mêmes, moins amoureux de leurs pensées que ces hommes dont l'esprit grossier est demeuré en friche, ils tournent toute la sagacité de leur esprit à deviner les énigmes de la nature, ils sont reconnaissants envers ceux qui les empêchent de se tromper, et pleins d'admiration pour ceux dont les lumières les éclairent. Par ces raisons, on n'a jamais vu dans nos assemblées de ces scènes avilissantes pour un corps de gens de lettres comme celle qui, à Paris, il y a quelques années, indigna le doyen de tous les académiciens de l'Europe.
Notre prétendu académicien, après avoir débité des mensonges aussi manifestes que ceux que j'ai rapportés plus haut, ne s'arrête pas en si beau chemin; et comme si son effronterie s'accroissait à mesure qu'il répand son venin, il assure que M. de Maupertuis déshonore notre Académie. Pour celui-là, je ne m'y attendais pas. Les anciens ont avec bien de la sagesse appelé les méchants des furieux, à cause que la méchanceté est une espèce de délire qui égare la raison. Ce faiseur de libelles sans génie, cet ennemi méprisable d'un homme d'un rare mérite, n'a-t-il pu trouver d'autre calomnie plus apparente dans la stérilité de son imagination qu'une disparate semblable? N'a-t-il pas compris qu'un crime utile étant révoltant, un crime inutile devient le comble de l'infamie? Une grossièreté aussi plate,