<8>Voyez, méchants chrétiens, voyez, âmes coupables, la gueule des enfers qui s'ouvre pour vous engloutir, et pensez que dans ce lieu de douleur, dans ce lieu de supplice, il n'y a point de miséricorde, et qu'un temps sans fin, en un mot, l'éternité, ne prolongera votre existence que pour rendre vos peines immortelles. Voyez, chrétiens, voyez, fidèles, qui vous êtes approprié le mérite du sang efficace que votre Sauveur a répandu pour vous, le ciel qui paraît s'abaisser pour vous recevoir; cet Être que vous avez sincèrement adoré, qui, par un retour d'amour, vous tend les bras pour vous recevoir dans son sein bienheureux; ce corps d'intelligences supérieures qui célèbre la gloire de son maître et le bonheur que vous avez d'être reçus et réunis au nombre des justes, qui jouissent d'une félicité sans fin et d'une béatitude que rien ne pourra troubler.
Chrétiens, si ces idées étaient toujours présentes à votre esprit, si votre imagination vous peignait ces objets avec ses plus vives couleurs, comment pourriez-vous, dans ces jours ouverts à la clémence, pendant ce temps d'épreuve, négliger de si grands biens? Où est l'esprit humain assez frivole, assez superficiel pour ne point être frappé de la différence d'un bonheur passager ou d'un bonheur permanent? Quand dans les ténèbres de la nuit un incendie se répand dans nos cités, et que la tempête pousse avec force la voracité des flammes, de sorte que la véhémence de l'embrasement gagne avec rapidité d'un quartier dans l'autre, en faisant écrouler les maisons et les édifices, quel serait celui d'entre vous qui ne fût obligé aux soins d'un inconnu qui l'éveillerait, en lui disant : La maison de votre voisin brûle; sauvez-vous, il en est temps, ou bien les flammes gagneront votre demeure, et vous consumeront peut-être avant que vous ayez le temps de leur échapper? Ne sortiriez-vous pas avec empressement de votre habitation, en emportant ce que vous avez de plus précieux? Ah! tièdes chrétiens, esprits attachés à la matière, qui vous bornez aux choses terrestres et périssables, si la crainte de perdre vos biens, si le désir de conserver une vie qui est et sera toujours l'apanage de la