<87> des parties terrestres qui enveloppent et appesantissent les âmes des vivants, nous avons la connaissance de l'avenir comme du présent. Aucun artifice n'est impénétrable à nos yeux. Nous apercevons d'un coup d'œil les conséquences dans leurs principes. De là vient que naguère, examinant l'Europe, je m'aperçus des desseins dangereux que formait la nouvelle maison d'Autriche. J'ai vu, Sire, que cette maison d'Autriche, mais qui n'est que celle de Lorraine, se flattait d'écraser votre puissance pour établir le despotisme et la tyrannie en Allemagne; qu'elle comptait de priver la France de son allié le plus fidèle, pour tourner ensuite toutes les forces du Saint-Empire romain contre le Roi Très-Chrétien. J'ai vu que la Suède ne ressemblait plus à elle-même; que sur les ruines du trône s'élève une aristocratie cruelle et sanguinaire, et que par conséquent, sans vous, ma patrie n'aurait plus d'allié dans le Nord. J'ai vu qu'une nouvelle puissance, à demi sortie de la barbarie, mais formidable par le nombre de ses troupes, et régnant depuis la mer Glaciale jusqu'au Palus Méotide, pouvait, à l'aide des Césars germains, accabler les descendants des Soliman et des Mahomet, et que, si la France n'y pourvoyait, elle se trouverait avoir en tête un ennemi plus puissant que Charles-Quint, aussi ambitieux que Ferdinand II, plus actif que Charles VI, qui revendiquerait sans cesse la Franche-Comté, l'Alsace, la Lorraine et peut-être la Flandre, et dont les vastes desseins tendraient même à chasser les Bourbons de l'Italie. Que de guerres cruelles allaient s'allumer dans ce funeste avenir! Que de Français généreux, moissonnés avant le temps, seraient descendus ici-bas pour habiter nos paisibles demeures! Il vous était réservé, Sire, de prévenir tant de maux, d'assurer le trône de nos rois, et d'abattre cette hydre dont les têtes renaissantes s'élèvent sans cesse contre l'empire des Lis.
Après d'aussi illustres actions, après une vie longue et heureuse, que je souhaite à Votre Majesté, elle viendra prendre place dans ce