<98> pour l'avenir? Vous trouvez mauvais que l'on ait fait quelques cessions aux Français dans la Flandre. C'est sur quoi je n'ose vous répondre; mais supposé que cela soit, ne voyez-vous pas quel art il y a de se préparer de loin de nouveaux alliés? Dès que nous voudrons faire la guerre à la France, le nom de ces places seules à reconquérir sonnera le tocsin en Hollande et en Angleterre; cela seul ameutera les puissances maritimes, et les obligera à sacrifier leurs troupes et leurs trésors pour nos intérêts. Ne précipitez donc plus votre jugement, et sachez que la conduite de monseigneur le comte est exactement calculée, que tous ses pas sont mesurés, et ses projets mûrement approfondis et pesés. Ne craignez donc plus ces Français que leur amour-propre aveugle, et qui, à force de se croire trop fins, sont joués par les autres. Nous connaissons leur fort et leur faible, et dès que les conjonctures changeront, vous verrez combien peu ils nous paraissent redoutables.
Adieu, mon cher ami, vivez heureux à Bruxelles; dès que nous aurons quelque grande nouvelle de nos armées, vous pouvez vous reposer sur mes soins que je vous la ferai parvenir. Et quant à la personne que vous me recommandez, il sera difficile de la placer à présent; mais si nous reconquérons la Silésie, il y aura place et pour celle-là, et pour quiconque se présentera.