<370> du plus tendre et du plus respectueux attachement, et de vous le témoigner en toute liberté, il s'en faut bien que cette liberté ne soit accordée à ceux qui trouveraient le plus de satisfaction et de plaisir à en faire usage.
C'est une raison de même nature qui me fait renvoyer à une occasion plus sûre de répondre en détail aux points sur lesquels V. A. R. désire d'être instruite. Elle approuvera, j'en suis sûr, ma prudence à cet égard, dès qu'elle daignera un moment se mettre à ma place et entrer dans ma situation. J'y répondrai cependant assurément; je supplie seulement V. A. R. de me donner le temps de bien m'instruire moi-même de toutes ces choses, et surtout de me laisser choisir une occasion sûre de lui faire parvenir mes observations. Elle aura cette bonté, j'espère, puisque rien ne la presse encore. Plût à Dieu qu'elle eût déjà des raisons pour être plus pressée à cet égard!
En attendant, je joins ici quelques considérations générales dont votre pénétration, monseigneur, saura d'elle-même tirer les conséquences particulières. Ce n'est pas une petite affaire que de parler de cet empire, de ses habitants et de son état politique. Il faut, pour cela, y avoir séjourné longtemps et avoir observé par soi-même, car on n'a presque encore aucun ouvrage imprimé dans lequel on puisse trouver des relations assez détaillées et assez sûres sur tous ces sujets. Je hasarderai cependant d'avancer ici ce que je regarde jusqu'à présent pour avéré parmi tout ce qu'on dit de cet État et de ses habitants.
Il y a d'ici à Oczakow deux mille verstes, qui font environ quatre cents milles d'Allemagne; jusqu'à Astracan il y a près de sept cents milles. D'ici à Archangel il y en a cent cinquante, et jusqu'à la Chine on compte au delà de vingt-quatre mille verstes; il est vrai qu'il se trouve entre deux une partie de la Grande-Tartarie. Les frontières du côté du nord et du Japon ne sont point encore bien déterminées; depuis cinq ans, on a envoyé de ces côtés des professeurs pour faire