<400> des Russes, il est inutile d'y penser, l'Impératrice s'étant bien proposé de n'en plus donner. Aussi, comme il ne se trouve pas parmi les prisonniers autant de colosses qu'on a cru, le capitaine Kalsow n'en ramènera que fort peu, ce dont il ne paraît pas fort édifié. Je lui parlerai au sujet des gens qu'il a vus et qui sont à Narva, et, s'il s'y trouve de beaux hommes, je tâcherai d'obtenir la permission de vous en envoyer trois ou quatre, dont V. A. R. pourra disposer. Car, s'il faut onze pouces pour entrer dans le régiment de V. A. R., je l'avertis que je serai bien embarrassé de lui en fournir, le capitaine Kalsow protestant qu'il les recevrait pour le Roi, faute de plus grands.
On fait ici des préparatifs extraordinaires pour les fêtes prochaines, dont V. A. R. sera informée d'ailleurs. Tout sera d'une grande magnificence, et comme les divertissements des grands abîment souvent les petits, nous allons donner tête baissée dans de grandes dépenses. J'aurais tort assurément de me plaindre d'un séjour où je jouis de tous les agréments que j'y puis désirer; mais, Dieu, que je suis las de tenir tous les matins conseil avec mon valet de chambre pour savoir quel habit je mettrai! J'écris à un prince philosophe, qui, en cette qualité, approuvera ma réflexion. D'ailleurs, vous m'ordonnez, monseigneur, de vous écrire, ne fût-ce même que des lanternes; si je ne me trompe, en voilà. Mais je tâcherai de ne pas abuser de votre gracieuse permission, mais de payer au contraire, par tout ce qu'il me sera possible de vous mander de plus intéressant, le plaisir inexprimable que me causent vos gracieuses et chères lettres lorsqu'elles viennent m'apporter la nouvelle que V. A. R. jouit d'une parfaite santé, et qu'elle me conserve encore invariablement ses bonnes grâces et son souvenir.
Agréez, monseigneur, les sincères assurances de mon parfait dévouement et profond respect, etc.