<404> déjà assez de ceux-ci pour mériter d'être exempté de tout autre. Cependant, comme l'effet d'un plus grand mal efface naturellement dans notre âme celui d'un moindre, j'ai aussi trouvé en grande partie dans le sentiment de vos maux l'oubli des miens propres, qui m'auraient assurément été infiniment plus sensibles, si je les eusse éprouvés seuls. Mais je me suis en quelque sorte durci contre eux par la pensée que, si un si digne et si vertueux prince n'était pas exempt lui-même des vives douleurs que j'éprouvais, un pauvre mortel comme moi pouvait bien les souffrir avec patience. Dieu veuille vous préserver à toujours d'un si terrible mal!
J'ai fait ce que j'ai pu, monseigneur, pour vous envoyer quelques beaux hommes. Le capitaine Kalsow amène tout ce qu'il a pu obtenir. Je vous tiens encore prêts quatre hommes que le capitaine a vus; mais comme il m'a témoigné qu'ils lui seraient à charge, j'attends un bas officier de la part de V. A. R., par un vaisseau de Stettin ou de Lübeck, pour les lui faire parvenir. En attendant, je travaillerai à obtenir un jeune Turc de vingt ans, très-bien fait, et qui a plus de onze pouces, appartenant, au prince Pierre de Courlande, et que, en ce cas, je joindrai aux autres. Mais j'écrirai encore là-dessus à V. A. R. par la voie de la poste.
La grande difficulté est ici qu'on ne veut plus donner de Russes. Le capitaine Kalsow en avait assez imprudemment enrôlé un de bon gré, qu'on a repris en chemin, ce qui a pensé donner lieu à une scène, le premier mouvement de l'Impératrice ayant été de faire arrêter le capitaine. Mais le Duc l'a sagement calmée. Dans son embarras, le capitaine voulait me faire croire que c'était pour V. A. R. qu'il l'avait enrôlé; mais je le tançai fort là-dessus, et lui fis sentir qu'il ferait mieux de ne pas compromettre ainsi V. A. R. Il a sagement suivi mon avis.
Le temps presse; il ne me reste que celui de répéter à V. A. R. l'assurance des sentiments inaltérables qu'elle me connaît pour son au-