<5> de toute nécessité d'acquérir pour s'agrandir de ce côté-là, et pour ne pas laisser ces pauvres pays de Clèves, Mark, etc., si seuls et sans compagnie. Par cette acquisition, l'on s'aplanit beaucoup de sujets à bisbiller et chicaner, qui ne manquent jamais à présent par rapport aux fréquentes disputes sur les frontières qui existent à présent. Le profit de cette acquisition est visible, par laquelle les pays de la succession de Clèves, combinés et réunis, peuvent contenir une garnison de trente mille hommes, et se mettent, par ce corps d'armée, en état de mépriser les légères insultes auxquelles à présent le pays de Clèves seul n'est pas en état de résister, et qui, au premier bruit de la guerre, au cas de désunion avec la France, doit être envisagé qu'il ne nous appartient que tant que la discrétion des Français trouverait à propos de nous le laisser. Mais dès que la réunion est faite, cette thèse change entièrement, et les pays sont en état de défense.
Je finis ce projet-ci, voulant seulement m'expliquer auparavant, quoique en termes vagues, de quelle façon je prétends que l'on regarde ce système. Premièrement, je ne raisonne qu'en pure politique, et sans alléguer les raisons du droit, afin de ne pas trop faire de digressions à chaque chose qui mérite, chacune en particulier, que l'on en indique les raisons et le droit que la maison de Brandebourg y peut avoir. Secondement, je ne détaille nullement la manière d'acquérir ces provinces, sur chacune desquelles il faudrait s'étendre au long; je ne veux uniquement que prouver la nécessité politique qu'il y a, selon les conjonctures des pays prussiens, d'acquérir les provinces que je viens d'indiquer. Je crois qu'il faut que ce soit là le plan sur lequel tout sage et fidèle ministre de la maison doit travailler, en négligeant toujours le moindre pour parvenir au grand but. J'espère aussi que l'on pourra trouver tout ce que je viens de dire assez raisonnable, car quand les choses seraient dans l'état que je viens de les projeter, le roi de Prusse pourrait faire belle figure parmi les grands de la terre et jouer un des grands rôles, ne donnant ou maintenant la