46. AU MÊME.
A la garnison chérie, 1er mai 1733.
Très-généreux Cassubien,
Le Gouverneur se réjouit avec vous de votre heureux retour de P. Il vous souhaite tout le bonheur du monde touchant les noces de la belle mademoiselle Henriette, et que vous en ayez plus de contentement que de celui de la pauvre Caroline. Pour ce qui regarde le plan que je me suis formé, je ferai tout mon possible pour l'exécuter, et je crois que c'est le meilleur pour le Roi, pour madame, et pour moi. Je suis ravi que vous l'approuviez, vous priant seulement de me donner des conseils comment il faut se prendre pour l'exécuter. L'idée de la terre est bonne, mais je doute fort que le souverain y consente. Je suis véritablement triste d'apprendre le dégât qui se fait à Berlin, et je m'étonne de ce que personne ne le fasse voir au Roi. Pour le gros comte, c'est mon horreur, et je ne le puis souffrir; il me paraît que c'est le Pourceaugnac101-a allemand, augmenté d'ordures. Je ne manquerai pas de casser la déclaration de l'Empereur, que je trouve très-belle et digne de lui; savoir si l'intention est de même (il faut dire comme le comte Stein : Das ist wieder AN ONDERS). Je suis<102> bien aise que le Roi approuve le prince Charles; c'est mon très-bon ami. Je me suis bien douté que son retour précipité ne fût pas naturel. Adieu, cher Cassubien; après Dieu je mets ma confiance en vous, n'ayant aucun autre ami à qui je puisse me fier, et je \ous prie de croire que je vous suis aussi fidèle et aussi attaché que vous pouvez me l'être, etc.
Le Gouverneur.
Je viens de recevoir des lettres de Pasewalk, où le mari paraît fort mécontent. Je crois qu'il n'y aura aucun autre parti pour eux que de s'en retourner à Baireuth. Je vous prie de me mander votre sentiment.
101-a Voyez Monsieur de Pourceaugnac, comédie-ballet en prose et en trois actes, par Molière, 1669.