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XII. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC MADAME DE ROCOULLE. (23 NOVEMBRE 1737 - JUIN 1740.)[Titelblatt]

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1. AN FRAU VON ROCOULLE.

Rheinsberg, den 23. November 1737.



Madame,

Mit dankbarer Rührung habe ich Ihren Brief und den beigefügten Geldbeutel empfangen. Sie vermehren, Madame, die Summe der Verbindlichkeiten, welche ich Ihnen schon schuldig bin, durch das Geschenk einer Arbeit, welche Sie für mich in Ihrem glücklichen Alter verfertigten. Ich versichere Sie, dass Sie mir eine grosse Freude gemacht haben. Es ist mir ein Beweis Ihrer Gesundheit und guten Kräfte, aber auch ein Beweis Ihrer Freundschaft für mich. Beides ist mir gleich angenehm, und so habe ich denn ein Gläschen auf die Gesundheit meiner lieben, guten Mutter getrunken. Ich nenne Sie Mutter, und hoffe, dass Sie diesen Namen mir erlauben werden. Er gehört Ihnen gewissermassen, in Betracht der Sorgen und Mühe, welche Sie auf die Bildung meiner jungen Jahre verwendet haben. Ich versichere, dass ich es nie vergessen werde; denn Sie sind, nächst meinen Aeltern, die Person, gegen welche ich die meiste Verpflich-tung fühle.

Nehmen Sie, ich bitte, diese Kleinigkeit,205-a welche ich Ihnen hier beischliesse, als ein Zeichen meines Andenkens, und glauben Sie, Madame, dass der übersandte Geldbeutel mir lieber ist, als wenn ich ihn von jedem Andern mit Pistolen gefüllt erhalten hätte.

<206>Empfangen Sie meine besten Wünsehe für Ihre Gesundheit und Ihre Erhaltung, und überzeugen Sie sich von der Achtung, mit welcher ich bin,



Meine Liebe Madame,

Ihr treu affectionirter Freund.

2. A MADAME DE ROCOULLE.

Rheinsberg, 17 février 1738.



Madame,

Je me souviens des torts que la manche zélée d'un certain prêtre206-a fit un certain mercredi sur votre buffet, soit par un motif de scandale que le petit volume des verres lui donnait, soit parce que sa philosophie abhorre le vide. Enfin, quelle que soit la raison qu'il a eue, vous vous souviendrez toujours, madame, que vos verres furent cassés. C'est un événement qu'il est nécessaire de vous rappeler, puisqu'il me fournit aujourd'hui l'agréable prétexte de vous écrire.

Votre échanson, madame, cet indigne membre de votre ordre joyeux, ne pouvant manifester son zèle pour la compagnie dont vous êtes la protectrice qu'en restituant les sujets de sa domination que cet ardent ecclésiastique a détruits, votre échanson, dis-je, s'ingère à vous envoyer le présent le plus fragile qu'on puisse faire, exclusivement de la faveur des rois.

Recevez ces verres, madame, comme une marque de mes attentions, et comme un tribut que je rends au révérend collége des mercredis. J'espère que la taille de ces verres les garantira de l'aventure<207> désastreuse de leurs prédécesseurs. Vous en userez à tel usage qu'il vous plaira. Je ne prétends point qu'ils soient conservés comme le feu des vestales; je me flatte même qu'en peu leur nombre se trouvera diminué. Vous penserez alors à moi, et vous me donnerez lieu de répéter l'envoi que je vous fais à présent.

Il me semble entendre le marquis207-a et Truchsess s'écrier que je ferais bien mieux d'avoir soin du Champagne que de verres vides, clairs, nets et bien rincés. Ils n'ont pas tout à fait tort, j'en conviens; je tâcherai de profiter de l'avis, entre lequel temps je les renvoie aux cruches de Cana, dont l'eau fut changée en vin délicieux. Je leur souhaite de tout mon cœur un semblable miracle pour le salut de leur âme et de leur corps, et à vous, madame, de la santé, de la bonne compagnie, et la continuation de votre aimable enjouement, qui vous rend les délices de la jeunesse.

Je suis avec tous les sentiments d'estime, d'amitié, de considération et de reconnaissance,



Madame,

Votre très-fidèlement affectionné ami.
Federic.

3. DE MADAME DE ROCOULLE.



Sire,

Permettez que je me jette aux pieds de Votre Majesté pour lui témoigner la joie dont je suis pénétrée en voyant monter sur le trône un prince qui va faire la gloire de son royaume et le bonheur de ses<208> sujets. Je me flatte, Sire, que V. M. connaît toute l'étendue de mon zèle, et je rends grâce à Dieu de tout mon cœur de ce qu'il m'accorde avant ma mort la consolation de voir V. M. en état de suivre les grands et généreux sentiments dont elle est animée. Oserais-je, Sire, recommander à V. M. le pauvre boiteux Montmartin, à qui un canonicat conviendrait à merveille? Le triste étal de mes neveux de Marconnay est encore un objet qui m'attendrit. Je puis assurer V. M. que ce sont d'honnêtes gens, et que leur disgrâce n'a point eu d'autre cause que celle d'avoir servi le margrave Louis et d'être nés Français. Je ne parle point de ma fille,208-a étant bien persuadée que V. M. ne lui refusera pas sa haute protection. V. M. sera sans doute surprise de ce que je commence sitôt à lui demander des grâces; mais qu'elle ne s'en effraye point, car je lui promets saintement que c'est là tout ce que je lui demanderai jamais, me bornant désormais aux vœux que j'ai toujours faits et que je ferai jusqu'au dernier soupir de ma vie pour la conservation et la prospérité de V. M., étant avec le plus profond respect,



Sire,

de Votre Majesté
la très-humble, très-obéissante et très-soumise servante et sujette,
de Rocoulle.208-b

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4. DE LA MÊME.209-a



Sur l'air : Ma mère, mariez-moi.

Glaudias est un bon soldat,
Mais il hait le célibat.
Il voudrait se marier,
Il vient vous prier
De le lui accorder.
Il voudrait se marier
Pour vous faire un grenadier.

Requête de Glaudias, présentée par la plus humble et la plus tendre de vos servantes,

de Rocoulle.

FRÉDÉRIC A MADEMOISELLE MARTHE DE MONTBAIL.209-b

Au camp de Friedland, 9 octobre 1741.

Mademoiselle de Montbail, je suis bien sensible à votre situation, dont vous me donnez part par votre lettre du 2 de ce mois. C'est aussi pour y porter quelque soulagement que j'ai résolu de vous continuer la pension de votre défunte mère, et je serai toujours

Votre bien affectionné roi.

209-cJ'ai été sensiblement touché de la perte de la digne madame de Rocoulle. Son souvenir est immortel autant que ma reconnais<210>sance envers elle. Vous jouirez, mademoiselle, de la pension de la défunte dès aujourd'hui; et si vous voulez bien avoir patience jusqu'à mon retour à Berlin, je vous ferai l'établissement le plus honorable que vous puissiez désirer, me flattant que vous ne renoncerez pas au monde si parfaitement, que vous priviez vos amis du plaisir de vous voir lorsque vous l'aurez pour agréable, et que vous n'oublierez pas celui qui se fait et fera toujours un vrai plaisir de contribuer à tout ce qui pourra rendre votre vie heureuse et agréable.

Federic.

A Mlle de Montbail.210-a


205-a Es war Friedrich's Bildniss in Miniatur.

206-a M. Achard. Voyez ci-dessus, Avertissement, no VII, et p. 119-126.

207-a Le marquis de La Chétardie.

208-a Mademoiselle Marthe de Montbail, qui mourut à Berlin le 21 juin 1752. âgée de soixante-onze ans.

208-b La signature de madame de Rocoulle est seule de sa main.

209-a Cette pièce est en entier de la main de madame de Rocoulle.

209-b De la main d'un secrétaire.

209-c De la main du Roi.

210-a De la main du secrétaire.