4. A FONTENELLE.

19 janvier 1731216-a (1738 ou 1739).

Monsieur, les attentions d'un homme de votre mérite percent toujours; ce sont des rayons de soleil qui se font jour à travers les nuages, et il n'y a que votre modestie seule qui puisse vous rendre si retenu sur vous-même. Mais si vous commettez une injustice envers votre personne, n'en faites pas du moins à l'égard des autres. Soyez sûr, monsieur, qu'un mot de votre part est plus flatteur pour moi que les vœux d'un millier d'autres personnes, et soit qu'il en revienne quelque chose de plus à ma vanité, ou que je me repose sur la sincérité de vos paroles, il est toujours certain que le compliment que vous venez<217> de me faire à l'occasion du renouvellement de l'année est de tous ceux que j'ai reçus celui qui m'a le plus fait de plaisir. Je vous prie, ne vous en tenez pas simplement, monsieur, aux compliments, et ne soyez pas si chiche de quelques pensées et de quelques coups de plume que je vous demande instamment. Je suis dans le préjugé que deux mots de votre part m'instruiront plus sur les matières de philosophie que la lecture des in-folio les plus redoutables. Accommodez-vous, je vous prie, à cette opinion, et n'épargnez point le papier. Vous me devez quelque chose pour le grand cas que je fais de vous, ou vous le devez plutôt à vous-même. Mais enfin il me semble que l'estime d'un étranger vous doit être assez précieuse pour l'entretenir en lui donnant toujours de nouveaux sujets de l'augmenter. Je suis avec une très-parfaite estime

Votre très-affectionné ami.


216-a Cette lettre ne peut pas être de l'année 1731. Elle est datée du 29 janvier 1737 dans Friedrichs des Zweiten Königs von Preussen hinterlassene Werke. Aus dem Französischen übersetzt. Berlin, 1789, t. XII, p. 16.