11. AU MÊME.

Remusberg, 11 mars 1739.



Mon cher comte,

Je suis infiniment reconnaissant de la part que vous prenez à ma santé. Elle a été assez languissante depuis l'attaque violente que j'ai eue à Berlin de crampes d'estomac; je me remets un peu à présent, quoique petit à petit, et si j'en dois croire la Faculté, je regagnerai dans peu mes forces et ma santé.

Voici un détail qui n'est excusable qu'entre amis, et qui est importun et de trop à tout autre qui le lirait. Je renonce à ces bustes et à ce cabinet dont vous m'avez parlé; c'est une marchandise dont le prix ne s'accorde aucunement avec mes finances. On peut être heureux sans les bustes de Socrate et de César; mais on ne peut être content parfaitement lorsqu'on est privé du plaisir de revoir ses amis.

Vous voilà à la Haye, et en passe d'être revêtu d'une dignité nou<233>velle. Je vous en fais mes compliments d'avance; mes vœux les ont précédés de beaucoup sur tout ce qui pouvait vous être agréable.

Je vous prie de m'écrire combien de temps vous croyez vous arrêter en Hollande; j'espère que votre séjour n'y sera pas de durée. Je ne saurais vous mander aucune nouvelle d'ici, car nos jours sont tous jumeaux, ils se ressemblent parfaitement. Je vous prie de me croire avec une estime infinie,



Mon cher comte,

Votre très-affectionné ami.
Federic.