5. A ROLLIN.
Ruppin, 14 mai 1737.
Monseigneur
J'ai reçu avec bien du plaisir les deux derniers volumes de l'Histoire ancienne que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Vous ajoutez aux obligations que je vous ai déjà celle d'un nouveau plaisir, que la lecture de votre bel ouvrage m'a causé. Je l'ai lu, je l'ai dévoré, et je le relirai encore.
S'il est certain que les génies heureux, ces hommes que le ciel a doués de talents d'une manière si distinguée, sont obligés de les employer pour l'utilité publique, il n'en est pas moins sûr que le public, et chaque individu en particulier, doit reconnaître les peines et les recherches de ceux qui travaillent pour lui. Je m'acquitte de ce devoir, et je vous paye avec un peu de fumée le plaisir très-réel que je dois à vos soins et à vos peines.
Je vous prie de croire que je m'intéresse véritablement à votre conservation. Je me flatte, avec une grande partie du public, que l'Histoire ancienne ne sera pas le dernier fruit de votre plume.<256> Dans mes complaintes au ciel des injustices qui m'affligent, il y entrera tout un article de ce qu'il ne vous a pas fait immortel. Je suis avec une estime toute particulière,
Monseigneur Rollin,
Votre très-affectionné
Frederic.