8. DE ROLLIN.
8 juin 1739.
Monseigneur
Quoique Votre Altesse Royale connaisse parfaitement l'histoire dont je prends la liberté de lui envoyer le second tome, qui sera bientôt suivi du troisième, je me persuade néanmoins que les grandes qua<259>lités des héros qu'elle vous remet sous les yeux, et qui sont si fort de votre goût, vous en rendent toujours la lecture agréable et nouvelle. Vous y reconnaîtriez une grande ressemblance de caractère entre V. A. R. et plusieurs des plus fameux Romains, si votre modestie ne vous rendait distrait sur ce point. Ils connaissaient bien en quoi consistent la solide gloire et la véritable grandeur, et ils ne se laissaient point éblouir par le vain éclat de certaines qualités et de certains avantages extérieurs qui peuvent exciter l'admiration du vulgaire, mais qui, dans le fond, ne rendent point les hommes plus estimables, parce que, à proprement parler, c'est par le cœur que les hommes sont tout ce qu'ils sont. Les lettres dont V. A. R. a daigné m'honorer me paraissent toutes remplies de ces sentiments. Je les garde très-soigneusement, comme un titre de noblesse pour moi et une preuve bien glorieuse des marques d'estime et de considération que mes ouvrages m'ont attirées de votre part. Quoique je m'en sente peu digne, comme je compte n'en être redevable qu'à votre bonté, j'espère que V. A. voudra bien me les continuer.
Je suis avec la plus vive reconnaissance et le plus parfait dévouement,
Monseigneur
de Votre Altesse Royale etc.