82. A M. DE SUHM.
Berlin, 7 juillet 1739.
Mon cher Suhm,
Je vous envoie, comme vous le désirez, un bas officier que vous pourrez charger des recrues que vous trouvez bon de m'envoyer. Je vous en ai mille obligations, et vous en donnerai des marques dans toutes les occasions.
<408>J'espère que vous aurez reçu une de mes lettres par un vaisseau de Lübeck. Cette lettre contenait Moïse et les prophètes; je m'en rapporte à son contenu.
Je suis bien fâché que vous m'imitiez dans mes crampes d'estomac. C'est un mal affreux, et dont le danger est subit. Pour l'amour de Dieu, ne vous servez point de gouttes où il y a des drogues trop fortes, qui pourraient vous mettre une inflammation dans le corps. Il faut prendre dans le fort du mal des lavements d'herbes cuites avec de l'huile; il faut prendre des poudres absorbantes, des gouttes qui ne sont point faites avec de l'eau-de-vie, et boire, le midi, quelques verres d'un vin de Hongrie qui ait encore un peu de liqueur. Je vous envoie aussi des pilules dont vous pouvez prendre sept par jour. Elles purgent peu, mais leur principal usage est de rendre le ton aux viscères du bas-ventre qui servent à la digestion, et de fortifier l'estomac Prenez, s'il vous plaît, de l'exercice, et ne mangez surtout ni légumes ni viandes fumées quelconques.
Si vous me trouvez habile en fait de médecine, c'est par une malheureuse expérience que je le suis devenu; ainsi, puisque votre tempérament imite mes faiblesses, que votre prudence imite mon régime.
Adieu, mon cher ami; en vous recommandant mes petits intérêts, souffrez que je vous embrasse, et que je vous réitère les assurances de ma parfaite estime.
Federic.
Je vous renvoie le couvert de votre lettre; il y a une tache de cire d'Espagne que je marque X, qui me paraît un trait d'industrie. Mandez-moi si c'est une maladresse de votre domestique, ou si mes soupçons sont bien fondés.