105. DE M. DE SUHM.

Pétersbourg, 13 août 1740.



Sire,

Que de grâces infinies n'ai-je pas à rendre à Votre Majesté de ce qu'il lui a plu de me donner de si pleines assurances de mon bonheur par sa dernière et gracieuse lettre! Ne pouvant rien ajouter aux tendres et respectueux sentiments dont je me sens pénétré pour elle, elle est venue mettre le comble à ma joie et à l'impatience que j'éprouve de me voir aux pieds d'un maître qui, dès le commencement de son règne, ne fait aucune démarche qui ne lui gagne l'amour de ses peuples, et ne lui attire l'admiration de toute l'Europe.

En réponse à la lettre par laquelle j'avais demandé mon rappel et ma démission, et que le duc de Courlande avait bien voulu appuyer de ses représentations fondées sur le mauvais état de ma santé, que le climat de Russie a fort altérée, j'ai enfin eu la joie et la satisfaction inexprimable de recevoir, samedi passé, une très-gracieuse réponse de la cour de Dresde, contenant mon rappel dans les termes les plus propres à me faire connaître l'entière satisfaction que l'on a de mes services passés. C'est avec des transports de joie que je viens, Sire, vous apprendre cette nouvelle, y ajoutant celle que je prendrai au premier jour ici mon audience de congé, afin de pouvoir sans délai<434> partir pour Varsovie, où je dois me rendre pour y recevoir ma démission en forme, après quoi je n'aurai rien de plus pressé que de voler aux pieds de V. M. pour la prier de prendre possession de moi, et de me donner désormais sans cesse des occasions de lui prouver la sincérité du tendre et inviolable attachement et du profond respect de

Son fidèle et dévoué
Diaphane.