<12> remplir un devoir indispensable de l'amitié que j'ai pour lui et du respect que j'ai pour V. A. R., en l'instruisant de l'ingratitude du sieur Thieriot.
Je ne sais s'il est possible de le corriger; mais ce dont je suis sûre, c'est que le désir de plaire à V. A. R. et de mériter les bontés d'un prince aussi vertueux peut seul l'engager à l'être.
Vous savez, monseigneur, que les personnes publiques dépendent des circonstances; ainsi, quelque singulier qu'il soit que la conduite de Thieriot puisse porter quelque coup, cependant il serait désirable pour M. de Voltaire qu'il rendît publiquement dans cette occasion ce qu'il doit à la vérité et à la reconnaissance, et je suis persuadée qu'un mot de V. A. R. suffira pour le faire rentrer dans son devoir.
Je supplie encore V. A. R. d'être persuadée que jamais Thieriot ne serait venu à Cirey, si le titre d'un de vos serviteurs ne lui en eût ouvert l'entrée. M. de Voltaire, qui l'a comblé de tant de bienfaits, et qui respecte encore une connaissance de vingt années, le connaît cependant trop bien pour lui avoir jamais montré une seule ligne des lettres dont V. A. R. l'honore, ni de celles qu'il a l'honneur de vous écrire.
Quelque méprisable que soit l'auteur de l'infâme libelle dont j'ai parlé à V. A. R. dans cette lettre, il est, je crois, du devoir d'un honnête homme de repousser publiquement des calomnies publiques. M. du Châtelet, moi, tous les parents et tous les amis de M. de Voltaire lui ont donc conseillé de publier le mémoire que j'envoie à V. A. R. Il n'est pas encore imprimé, mais le respect de M. de Voltaire pour V. A. R. lui fait croire qu'il ne peut trop tôt lui envoyer la justification d'un homme qu'elle honore de tant de bontés.
Je supplie V. A. R. de ne point faire passer par M. Thieriot la réponse dont elle m'honorera : elle peut l'adresser en droiture à Vally en Champagne. Nous avons eu l'honneur, M. de Voltaire et moi, d'écrire à V. A. R. par M. Plötz.