<129>Des misères de notre vie,
Ce lieu si triste et si fatal
Ne vaut pas notre compagnie.
Ce n'est que la légèreté,
Des Français, engeance frivole,
Suprême et despotique idole,
Votre unique divinité,
Dont les charmes et l'inconstance
Vous font penser que dans l'absence
Gît toute la prospérité.
J'ai cru, moi, dans mon innocence,
Que dans l'art de la jouissance
Se trouvait la félicité.
Jordan, j'apprends à te connaître :
Si tu logeais au paradis,
Pour mieux trouver le vrai bien-être,
Par changement tu voudrais être
Dans l'enfer, auprès des maudits.
Voilà tout ce que j'ai à vous dire en vers; ce que je vous écris en prose n'est pas moins vrai, et j'ose vous assurer qu'il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, de trouver un endroit où vous seriez d'accord de vous tenir en repos. Nous partirons dans peu de notre camp pour aller à Strehlen; il ne s'agit ici, d'ailleurs, que d'affaires de hussards.
Adieu, cher Jordan; mes respects au Portique, au Lycée. Ma philosophie est la très-humble servante de la vôtre, comme je suis, moi, votre très-humble serviteur.