<152>C'est pour moi de l'ambroisie que des discours tels que ceux que j'ai eu l'honneur d'entendre quelquefois prononcer à ces trois têtes pensantes.
A l'imitation des poëtes du siècle passé, j'ai choisi une maîtresse à laquelle je puisse quelquefois adresser des vers, ne pouvant lui présenter autre chose. Je ne sais si V. M. sera contente de cette petite pièce sur l'accord du cœur et de l'esprit.
L'esprit n'a sur le cœur qu'un très-faible pouvoir,
Et le cœur tient l'esprit toujours en esclavage;
L'esprit prescrit au cœur un austère devoir,
Mais le cœur prend, Iris, le plaisir en partage.
Voulez-vous sur l'amour fonder votre bonheur?
Usez dans votre choix d'une sage prudence,
Ne confiez le bien de votre tendre cœur
Qu'à celui des amants qui réfléchit, qui pense.
Qui pourrait condamner semblable liaison?
Ma raison fut toujours sensible à la tendresse;
Mon cœur vous aime, Iris, puisqu'il vous le confesse,
Et mon esprit convient que mon cœur a raison.
Ce n'est pas seulement en amour que mon cœur et mon esprit s'accordent, quelque brouillés qu'ils soient quelquefois.
Mon cœur est charmé de servir
Un roi que mon esprit admire;
Tous deux ressentent le plaisir
De son aimable et doux empire;
Car j'ai l'honneur et l'avantage d'être, etc.