<196>Je ne me serais jamais imaginé que le pyrrhonisme serait employé pour démontrer l'accusation, que je crois fausse dans toutes ses parties. J'ai cru, au contraire, que rien ne m'était plus favorable que ce pyrrhonisme même.
Ce phénomène rubicond
Qui s'était placé sur ma face
Indique à des yeux de Pyrrhon
Que du venin il est douteuse trace.
Je suis, à cet égard, sain comme l'enfant qui est à naître; il y a aussi peu de venin dans mon corps qu'il y a de vertu guerrière dans mon âme.
Vous, dont l'esprit est si dispos
Pour soutenir les droits du pyrrhonisme,
Prouverez-vous par congru syllogisme
Que je puis passer pour héros?
Il y a longtemps qu'on peut me ranger au nombre des invalides du dieu de l'amour, dont je ne prononce cependant jamais le nom qu'en tremblant, non parce que je suis tout à fait inhabile à son service, mais parce que, en général, nos facultés s'usent et dépérissent.
Tout dépérit et s'use dans le monde,
L'esprit vieillit, et perd de sa vigueur;
Or je conclus par raison très-profonde
Que je ne puis éviter ce malheur.
D'ailleurs, le pourpoint de Scarron s'usait;a d'où vient mes facultés ne s'useraient-elles point? J'emploie le reste des forces qui me sont restées dans l'esprit, de l'attachement que j'ai eu pour l'amour, en faveur de l'amitié, qui ne procure que du plaisir et de la satisfaction. Je connais des maîtres pour lesquels on ne saurait avoir assez de ces sentiments.
a Voyez le sonnet de Scarron, Tout dépérit avec le temps.