L'Europe, qu'un lutin lutine,
A, dit-on, perdu la raison;
Il est vrai qu'elle en a la mine,
Et mérite bien ce soupçon.
L'abbé de Saint-Pierre se fait fort d'ajuster l'intérêt des princes de l'Europe aussi facilement que vous composez vos vers. Ce grand ouvragea ne s'accroche à rien qu'au consentement des parties intéressées. Vous connaissez ces visions d'arbitrage et ces folies synonymes.
Je n'ai rien à vous dire d'un endroit où il ne se passe rien, sinon que nos soldats sont autant de Césars, et que je vous aime toujours, malade, mélancolique, ou gai et sain, également. Adieu.
119. AU MÊME.
Chrudim, 21 avril 1742.
Dive Jordane, à présent les vers coulent chez vous comme un torrent. Je crois que vous avez Apollon à gage, et les neuf Sœurs pour servantes; il n'est pas possible autrement de travailler comme vous faites. Il faut de plus que vous ayez trouvé une mine de jolies choses dans le Pinde, et quelque nouvelle veine de belles pensées.
Pas même la moindre saillie,
Ni vaudeville, ni bon mot,
Ne me vient à ma fantaisie;
a L'abbé de Saint-Pierre avait envoyé à Frédéric un de ses ouvrages sur la manière de rétablir et de consolider définitivement la paix en Europe. Voyez la lettre de Frédéric à Voltaire, du 12 avril 1742. Voyez aussi t. IX, p. 36 et 165; t. XIV, p. 292 et 323 : t. XV, p. 71 et 152 : et t. XVI, p. 229.