<202> et voilà mon héros tout trouvé. Je vous en fais mes compliments, divin et héroïque Jordan, et je vous prie de jeter du haut de votre gloire quelque regard débonnaire sur vos amis, qui rampent ici dans les fanges de la Bohême avec le reste du troupeau des humains.

Je crois que d'Argens est fou; ne lui en dis rien cependant, et garde-toi bien d'aigrir la bile de notre philosophe, qui me paraît avoir plus de cette marchandise que de bon sens.

Adieu; tu connais tous les sentiments que j'ai pour toi.

120. DE M. JORDAN.

Berlin, 22 avril 1742.



Sire,

Je suis au bout de mon latin, et je ne sais par où commencer la lettre que je dois écrire à V. M.

Je ne sais plus que vous écrire,
Je n'ai pas brin de nouveauté;
Tout est tranquille en la cité,
Où l'on attend la paix pour rire.

Les gazettes nous flattent de la paix. Celle de Cologne plaint le monde de ce que le dévoiement du cardinal, qui continue, pourrait être un obstacle à cette paix, qui marche aussi lentement que le messager du Mans. Je me souviens, à cette occasion, des remarques de Bayle sur le dévoiement de Jules César, où il prouve, à sa façon ordinaire, que V. M. imite si bien, que les plus grands événements sont souvent causés par de pures vétilles. La dispute de la duchesse avec le philosophe, quoique causée par une vétille, n'en est pas moins sé-