<212> vous honorez de votre estime; mais je crois que cette estime est du nombre de celles
Que tous les jours de nouvel an
L'on se débite en compliment,
Qu'on se jure et qu'on se proteste,
Quand sous la barbe, doucement,
L'on voudrait plus sérieusement
Que l'autre crevât de la peste.
Vous ne me dites rien des nouvelles berlinoises, du Tourbillon,a de Césarion, ni de l'histoire de la galanterie,
Ni de votre aimable goutteux,
Qui devient si fort amoureux,
Que cette violente flamme
Aux incurables met son âme,
Ni de son vigoureux tendron,
Qui, lorsqu'on joue au corbillon,
Répond, de sa bouche de rose,
Avec connaissance de cause
Quand on demande, Qu'y met-on?
Tenez, voilà assez de sottises pour une fois; contentez-vous-en, cher Jordan, jusqu'au premier ordinaire, où j'espère de ne point demeurer en reste. Adieu.
125. DE M. JORDAN.
Berlin, 1er mai 1742.
Sire,
Je ne parlerai aujourd'hui à Votre Majesté que politique et que guerre, et je serai dans la règle, puisque ce sont là vos plaisirs chéris;
a Madame de Morrien. Voyez t. XIII, p. 10, et ci-dessus, p. 191 et 192.