<225> tristesse anglaise; elle est toute propre à en répandre. Les Autrichiens avancent vers l'armée que V. M. commande; c'est le désespoir qui les guide. Les armes sont journalières; ce n'est qu'à travers un océan de sang qu'on parvient à la victoire. Ces objets me paraissent peu récréatifs; j'avouerai que je n'en connais pas de plus tristes, puisqu'on se voit en proie à tout ce que le sort, souvent bizarre, a de plus funeste, et qu'on risque d'être frustré du bien que l'on aime et que l'on chérit le plus. Mais tirons le rideau sur ce sujet.
Ginkel a reçu son rappel; il part dans peu de temps, à ce que l'on dit. La duchesse est partie; voici des vers que l'on dit être de sa composition, contre la comédie de l'Embarras de la cour.
Pendant au croc toute philosophie
Pour se livrer aux appas de l'amour,
Frère d'Argens fit très-humble folie,
Et se rendit l'embarras de la cour.
Sur ce sujet jamais sa comédie
N'a pu paraître au coin d'un bon auteur,
Ni réjouir, malgré tout son génie,
Un public las de rire de l'acteur.
J'ai lu une pièce qui me paraît assez ingénieuse, sur l'état présent des affaires de l'Europe, qui est représenté sous l'idée d'un bal que V. M. ouvre avec la reine de Hongrie, qui se plaint que cette danse l'a mise sur les dents. Le Duc son époux ne danse pas, parce qu'il a fait venir des souliers de France qui le blessent. Pour les Hollandais, ils ne jugent à propos de danser qu'à la danse des flambeaux. L'allégorie est poussée assez loin; ma mémoire ne m'en fournit pas toutes les circonstances.
On dit que la Hollande a accordé cent mille écus par mois à la reine de Hongrie; que les Anglais vont beaucoup au delà, qu'ils lui ont accordé deux cent mille livres sterling.