<239>Les bâtiments croissent à vue d'œil, le poëte a presque fini son premier opéra, les danseurs sont attendus, les pauvres disparaissent des rues, on file beaucoup à la maison de travail. Le nouveau directeur, sensible au souvenir de V. M., ira soigneusement visiter la maison qui lui est confiée, quoiqu'elle soit, pour son malheur, au bout de la Wilhelmsstrasse.
J'ai l'honneur, etc.
142. A M. JORDAN.
Camp de (Brzezy).
Federicus Jordano, salut. Si je suivais mon inclination, je vous écrirais : Venez, mon cher Jordan, me tenir compagnie, et raisonner avec moi sur l'incertitude de nos connaissances et sur le néant de la vie humaine. Mais comme je suis pour règle de préférer le bien-être de mes amis à ma satisfaction particulière, je vous dirai : Mon cher Jordan, demeurez paisible citadin de Berlin, fréquentez bien Haude, donnez audience aux savants dans votre bibliothèque, achetez des livres à tous les encans, écrivez-moi lorsque vous n'avez rien de mieux à faire. Je suis sûr d'être obéi en vous parlant sur ce ton, au lieu que tout ce que je pourrais dire à un poltron pour l'inviter à venir dans une armée ne serait qu'en pure perte.
Le pauvre Rottembourg n'est point dangereusement blessé, mais il souffre beaucoup de la gravelle. J'espère que dans huit jours cela se dissipera. Je n'ai point encore eu jusqu'à présent assez de tranquillité d'âme pour rimer, car j'ai continuellement affaire, et ce n'ont été jusqu'à présent que des arrangements perpétuels.