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147. A M. JORDAN.

Camp de Kuttenberg, 7 juin 1742.

Federicus Jordano, salut. Nos maudits Français gâtent tout, pendant que je raccommode tout. Voilà deux oisons que l'Empereur et le roi de France avaient choisis avec bien du soin pour commander en Bavière, qui laissent passer à Khevenhüller le Danube en leur présence. Il est impossible de compter toutes les fautes qu'ont faites ces généraux. Qu'en résultera-t-il? Que tout le poids de la guerre tombera sur moi. Belle consolation que de faire des conquêtes pour les autres! Le prince Charles a marché vers la Moldau pour attaquer le maréchal de Broglie, qui se tient à Frauenberg. Belle-Isle est à Dresde, les Saxons sur leurs frontières. Quelle bigarrure! Voici le point critique de cette année. Dans quinze jours, la scène des événements sera plus éclaircie.

Mandez-moi ce que l'on dit de cette bataille, si elle fait grand bruit dans le monde, si le peuple y prend part, si l'on croit que l'armée est en état de battre mes ennemis, si l'on me suppose de l'entendement en fait, de guerre, en un mot, tout ce qui peut être relatif à cette matière.

Écrivez-moi beaucoup au sujet de Charlottenbourg, du parc, de la maison d'opéra, et faites de grandes descriptions, afin de m'entretenir longtemps sur des sujets agréables et divertissants.

Dieu sait quand je pourrai vous entretenir dans ces charmantes retraites, et parler raison hors du tourbillon du monde et des embarras. Je crains fort que ce temps désiré ne soit encore plus éloigné qu'on ne le croit. En attendant, je lis et pense beaucoup. Peut-être me trouverez-vous plus raisonnable que je ne l'ai été; savoir si j'en vaudrai mieux. C'est un latus per se.

Faites mes compliments à cet ami qui a le cœur et le corps ma-