<246>lades. Dites à Pöllnitz que je ne lui écris point, à cause que j'ai affaire, mais que ses lettres me font plaisir, et qu'il fera bien de m'en écrire souvent.
Je vous conjure de me faire avoir une bonne lorgnette, qui découvre les objets de loin, et à peu près pour votre vue.
Adieu, dive Jordane. N'oublie pas le pauvre Ixion qui tourne comme un forcené à la roue des événements de l'Europe, et sois sûr que je te consacre une amitié égale à ma durée.
148. AU MÊME.
Camp de Kuttenberg, 10 juin 1742.
J'étais né pour les arts; nourrisson des neuf Sœurs,
Tout y conviait ma jeunesse.
Un cœur compatissant, avec de simples mœurs,
M'inspiraient peu de goût pour l'orgueil des grandeurs;
Je n'estimais point la prouesse
D'un héros tyrannique entouré de flatteurs.
Les grâces, la délicatesse,
Les folâtres erreurs d'un cœur plein de tendresse,
Le dieu des doux plaisirs, les charmes séducteurs,
La volupté de toute espèce,
Dans l'île de Cypris me parèrent de fleurs.
De cet état heureux j'ai goûté les douceurs.
Bientôt un coup du sort sur un plus grand théâtre,
Sujet à des revers fameux,
M'a fait monter malgré mes vœux.
Là, d'un air triomphant, altier, opiniâtre,
D'un lustre éblouissant, bouillant et valeureux,
La Gloire, ce fantôme, apparut à mes yeux;
J'encensai ses autels, et ce culte idolâtre,