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GAZETTE.

Charles de Lorraine et Lobkowitz se sont joints; ils ont passé la Moldau, et chassent devant eux un troupeau de Français dont Broglie est le berger. Les Prussiens vont marcher à Prague pour remettre les Français dans le bon chemin, ou pour faire la paix.

Adieu, cher Jordan; je ne vous dis rien de l'estime, de l'amitié et de tous les sentiments de votre serviteur.

149. DE M. JORDAN.

Berlin, 12 juin 1742.



Sire,

Je me flattais que nous aurions bientôt l'honneur de voir Votre Majesté jouir tranquillement à Charlottenbourg du fruit de ses travaux militaires; mais la lettre dont il a plu à V. M. de m'honorer semble m'avoir envié le bonheur de cette espérance. On dit que le maréchal de Belle-Isle ne quittera V. M. que pour aller à Vienne. Je voudrais pouvoir me le persuader, ce serait un lénitif toujours bon à prendre; mais ma diable de raison, toujours ennemie de la tranquillité de mon âme, m'objecte que, si le maréchal allait à Vienne, les préliminaires de la paix seraient au moins signés. Je regrette le pauvre Pritzen et tant d'honnêtes gens, victimes volontaires de l'amour de la gloire.

On prétend que les ennemis sont dans le dessein de hasarder une seconde bataille; on assure la chose très-positivement. Quoique je ne les craigne plus, je voudrais bien cependant qu'ils se tinssent en repos.

On dit ici qu'un jeune officier a été tué dans un duel en faveur des beaux yeux de la galante comtesse de Breslau. Cela m'a surpris.