<275> que Mauclerca n'est plus à Stettin,b que les Poméraniens sont peu lettrés, que les Rheinsbergeois le sont moins depuis qu'Étienne Jordan n'y est plus, mais que, en revanche, on y mange de meilleures cerises qu'autrefois, et cela, par la raison que l'air devenait tout soporifique des exhalaisons grecques et latines qui sortaient d'une certaine chambre où un certain savant étudiait beaucoup. Adieu.
171. AU MÊME.c
(Neisse, 4 août 1743.)
Lorsque tu parles de canons,
Colin doit parler d'astrolabes,
Lise, des courbes, des Newtons,
Et moi, je ferai des chansons
En langues grecques et arabes.
Qu'un chacun garde ses oisons,
Crois-moi, c'est le seul parti sage :
Trop heureux, si nous remplissons
Comme il faut un seul personnage!
Je ne dis point que tu ne sois pas un excellent scribe, un Atlas de bibliothèque, un savant jovial, un terrible Grec, un galant doué de tous les talents que possédait défunt l'âne de Lucien : je me renferme modestement à soutenir que tu n'es point un Bélidor en artillerie. J'ai pensé étouffer de rire en lisant ta lettre. Un tourneur s'offre à faire des canons, et s'adresse à Jordan. Crois-moi, mon ami, ne com-
a Paul-Émile de Mauclerc, pasteur à Stettin, où il mourut le 11 septembre 1742, dans sa quarante-cinquième année.
b Cette lettre était la première que Frédéric écrivît à Jordan après son retour de Stettin.
c Voyez t. XI, p. 133 et 134.