<73>Adieu. Crainte de vous déplaire,
Je renonce à mes chalumeaux,
Et, dans votre antre solitaire,
Mes vers vous vaudront des pavots.
15. AU MÊME.
Wésel, 2 septembre 1740.
Mon inspecteur des hôpitaux, je ne devais attendre de vous que des nouvelles des Petites-Maisons; mais comme votre génie est supérieur à vos emplois, vous avez su m'écrire de jolies choses. J'ai fait un voyage à Strasbourg, dont j'ai fait une description poétiquea que j'ai envoyée à Voltaire; mais, faute de copiste, je n'en ai pu garder un double. J'ai eu deux accès de fièvre, je ne sais encore si ce sera tierce ou quarte. Mais ne vous en embarrassez pas; quoi que ce soit, il n'y a point de danger. Maupertuis est arrivé, joli garçon, aimable en compagnie, cependant de cent piques inférieur à Algarotti. Je prépare un petit esclandre à M. de Liége, et je veux voir quel train cela prendra, avant que de partir d'ici. Je n'ai point encore résolu où et comment je verrai Voltaire avec la marquise de l'Astrée;b mais je les verrai sûrement.
Adieu, bon Jordan de mon âme; ne m'oublie pas, et sois sûr de mon amitié.
a Voyez t. XIV, p. 181-187.
b La marquise du Châtelet.