« <83> crois qu'il ne fait pas tant mal. » Personne n'entendra mieux le sens de ces paroles que V. M.
Une nouvelle qui m'a paru originale, et qui est assez répandue : l'électeur de Saxe a de cuisants remords de conscience de son changement de religion. Il ne sait comment obtenir cette tranquillité d'âme que lui donnait autrefois le luthéranisme. Ce n'est point au pape auquel il s'adresse pour lever ses scrupules, mais c'est au roi de Prusse qu'il ouvre son cœur pour raffermir sa foi chancelante et pour donner à son Credo la consistance nécessaire. O tempora!
Une chose est sûre, c'est que tout Paris est plein du changement de religion de V. M.; les lettres écrites à Berlin en sont pleines. Cette nouvelle me fait naître une idée, que les théologiens ne veulent point que le ciel perde. Puisqu'un roi se prive par son abjuration de ses droits, l'autre les revendique par sa repentance.
J'ai l'avantage d'être avec un respect profond et un parfait dévouement, etc.
24. A M. JORDAN.
Quartier de Milkau, proche de Glogau, 19 décembre 1740.
Seigneur Jordan, ta lettre m'a fait beaucoup de plaisir par rapport à tous les raisonnements que tu me marques. Demain j'arrive au dernier quartier auprès de Glogau, que j'espère d'avoir dans peu de jours. Tout favorise mes desseins, et j'espère de revenir à Berlin après les avoir exécutés glorieusement et de façon qu'on aura lieu d'en être content. Laisse parler les envieux et les ignorants; ce ne seront jamais eux qui serviront de boussole à mes desseins, mais bien