<84> la gloire; j'en suis pénétré plus que jamais, mes troupes en ont le cœur enflé, et je te réponds du succès.
Adieu, cher Jordan. Écris-moi tout le mal que le public te dit de ton ami, et sois persuadé que je t'aime et t'estimerai toujours.
25. DE M. JORDAN.
Berlin, 20 décembre 1740.
Sire,
La nouvelle la plus récente que je puisse présenter à Votre Majesté, c'est le départ de M. Beauvau. Il finit hier de parcourir le cabinet des médailles, dont il est autant charmé que l'est le public du riche présent qu'il a reçu. On dit que celui du roi de France, donné à M. de Camas, lui est fort inférieur en valeur.
On publie une alliance entre V. M., la France et la Suède. On dit plus que tout cela : on veut que la reine de Hongrie soit morte en couches. Je n'en crois rien.
On implore dans toutes les églises le secours du ciel pour la prospérité des armes de V. M., et on allègue pour raison unique de cette guerre l'intérêt de la religion protestante. A l'ouïe de ces mots, le zèle du peuple se réveille; on bénit Dieu, qui a suscité un défenseur aussi puissant. On se récrie de ce qu'on a osé le soupçonner d'indifférence pour le protestantisme. On assure, sans l'avoir examiné, que les droits de V. M. sont incontestables. O le beau coup d'État!
Le brave Pascal, qui pourrait bien un jour décorer sa boutonnière des oreilles de Voltaire, contre lequel il est fort irrité, a fait une action d'homme d'honneur. Ne sachant à quel saint se vouer, il vint trouver M. de Maupertuis, et lui emprunta dix louis pour faire