31. DU MÊME.
Berlin, 7 janvier 1741.
Sire,
Je commence ma lettre par trois on dit, que j'aurais bien de la peine à garantir. On dit que la reine de Hongrie a été tellement sensible à l'entreprise de V. M., qu'elle a juré par le Styx qu'elle aimait mieux livrer tous les Pays-Bas à la France que de voir la Silésie manger son pain et boire son vin sous les étendards brandebourgeois. Cette nouvelle a passé à travers cinq ou six oreilles politiques, qui la ruminent.
On dit que la France prête deux millions à la Bavière, pour que cette dernière puisse soutenir ses justes prétentions.
Enfin, on dit que la Russie prendra fortement le parti de l'Empire. Voilà trois objets propres à exercer la politique de ceux qui s'en occupent une partie de la journée.
Une chose est également certaine et particulière; c'est que, le bruit de la prise de Glogau étant parvenu à Glogau,a tout le monde a été dans la joie, et buvait à la santé de celui qui rétablissait les murs de Sion dans un pays où l'erreur avait toujours cherché à les abattre entièrement.
Voici deux morceaux de la Gazette de Cologne que je crois devoir envoyer à V. M., du 20 décembre 1740.
« M. de Borcke ..... donna jeudi dernier un grand repas aux ministres d'État et étrangers. On assure que, ce seigneur se trouvant depuis peu à une table dont le marquis de Mirepoix était aussi, celui-ci lui dit qu'il courait un bruit que Sa Majesté Prussienne faisait marcher des troupes pour le service de notre cour, et que M. de Borcke répondit que non seulement ce bruit était fondé, mais que le Roi son »
a Il faut probablement lire ici Berlin, et non Glogau, nom qui se trouve pourtant dans le manuscrit.