48. DU MÊME.
Berlin, 20 mars 1741.
Sire,
J'espère d'avoir l'honneur de me mettre aux pieds de Votre Majesté dimanche prochain. Je suis impatient de voir arriver ce moment pour jouir de cet avantage.
Le roi d'Angleterre, à ce qu'on dit, veut lui-même commander son armée; on parle même ici de la beauté de ses équipages. On ajoute à cette nouvelle le transport de douze mille Anglais pour l'Allemagne.
<107>On ne parlait que de paix il y a quelques jours. On dit à présent qu'elle est fort éloignée, que, V. M. ayant pris des engagements avec d'autres puissances, la reine de Hongrie avait trop tardé, qu'elle aurait dû hâter ses négociations.
On débite bien des choses sur le pauvre M. de Reiswitz, qui me paraissent être sans fondement; on assure que six cents hommes sont entrés par surprise dans Brieg, sans que le blocus s'en soit aperçu. Toutes ces nouvelles varient chaque jour, sont crues pendant un temps, et rejetées dans un autre.
J'ai vu avec surprise un ouvrage anglais qui renferme le déisme tout pur, traduit en allemand, se vendre ici publiquement. Voilà de quoi exercer MM. les théologiens; ce sera pour quelque temps la pomme de discorde.
Il paraît une excellente histoire de l'établissement des religieux de la compagnie de Jésus. Je suis persuadé que cet ouvrage fera beaucoup de bruit.
On dit que le comte Pückler a été enlevé par les hussards, et transporté à Neisse.
Dieu veuille conserver V. M.! Je puis rendre cette justice au public de Berlin, c'est que tout le monde fait bien des vœux pour sa conservation.
J'ai l'honneur d'être avec un respect profond, etc.