150. A M. JORDAN.
Camp de Kuttenberg, 13 juin 1742.
Federicus Jordano, salut. A la fin, je vous apprends cette nouvelle tant attendue, tant désirée, le but de la guerre, cette grande nouvelle, en un mot, la conclusion d'une bonne et avantageuse paix. .. .....................................................................
Je vous laisse du temps pour respirer. Je conçois qu'une nouvelle si peu attendue et si agréable ne laissera pas que de vous réjouir<250> beaucoup. Cependant, que votre joie ne vous rende pas indiscret; je vous défends de parler de ceci jusqu'au temps où la nouvelle en sera publique.
J'ai fait ce que j'ai cru devoir à la gloire de ma nation; je fais à présent ce que je dois à son bonheur. Le sang de mes troupes m'est précieux, j'arrête tous les canaux d'une plus grande effusion, qu'une guerre faite par des barbares n'aurait pas laissé d'entraîner après soi, et je vais me livrer de nouveau à la volupté du corps et à la philosophie de l'esprit. Je serai environ le 15 ou le 20 de juillet à Berlin. Portez-vous bien vers ce temps-là, et faites provision de tout ce que votre esprit peut imaginer de plus divertissant et de plus agréable; en un mot, que je retrouve en vous la sagesse de Platon, l'éloquence de Cicéron, l'esprit serviable d'Atticus et le support d'Épicure.
Adieu, très-pacifique Jordan; ton ami le fier-à-bras te saluera bientôt sous l'appareil modeste et simple d'un philosophe.