157. A M. JORDAN.
Kuttenberg, 23 juin 1742.
Federicus Jordario, salut. Hier la paix fut publiée au son des timbales et des trompettes. J'espère que cette nouvelle ne vous fera pas moins de plaisir que la première que je vous annonçai. Mandez-moi, avec toutes les circonstances, ce qu'en dit le public, et ne me cachez rien du tableau.
Je pars après-demain d'ici pour Kolin; de là nous marchons à Chlumetz, et de Chlumetz je prends la poste pour Glatz, où j'arriverai le 28. Je m'y arrêterai le temps qu'il faudra pour régler les affaires militaires qui regardent les fortifications, et les affaires civiles qui regardent l'économie et la justice. De là je pars pour Neisse, où je réglerai de même ce qui regarde les réparations de cette fortification, et ce qui est du ressort des arrangements nouveaux que je suis obligé de faire en Haute-Silésie. De là je pars pour Brieg, faisant toujours fortifier. J'arrive à Breslau le 4 de juillet, et j'y resterai jusqu'au 9, où j'irai à Glogau, encore pour fortifier. J'en partirai le 11 pour Francfort, et le 12, à midi, votre très-humble serviteur aura l'honneur de vous assurer de ses devoirs. Vous et Pöllnitz partirez encore l'après-midi pour Charlottenbourg; Césarion de même, si sa santé et l'amour le lui permettent. Voilà mon itinéraire et l'histoire de ce qui se fera du 23 de juin jusqu'au 12 juillet inclusivement.
Je vous rends grâce des yeux que vous m'envoyez; c'en sont de véritables pour un aveugle comme moi.
Adieu, cher Jordan; la tête me tourne des affaires que j'ai expédiées aujourd'hui.
Mes compliments à Pöllnitz. Ne m'oublie pas, cher Jordan, et dis<262> au Tourbillon que son mari nous a assigné un champ de bataille où il est impossible de combattre, faute de terrain.