<275>prianus. Je ne saurais qu'y faire; j'aime mieux être orthodoxe vis-à-vis de la raison universelle, qui a été donnée à l'homme pour le conduire, que vis-à-vis une assemblée de docteurs qui argumente selon Esdras, Matthieu, Jean, Paul, et tout ce tas d'apôtres de la superstition qui ont aveuglé et abruti le monde.

Pour Leurs Majestés Impériales et Romaines, je vous les garantis, madame, empêtrées dans le bourbier de la superstition jusqu'au cou. Voilà cette nouvelle maison d'Autriche qui prend de nouvelles racines sur le trône des Empereurs, et qui, un jour, fera repentir ses adhérents de l'élévation où ils l'ont portée. Mais les erreurs politiques sont souvent aussi difficiles à guérir que les erreurs spéculatives. Pour moi, qui me fais vieux, je vois tous ces événements avec assez d'indifférence. Je ne serai pas le témoin des conséquences qu'ils entraînent, et mes yeux, en mourant, auront la consolation de voir ma patrie libre.

Je vous fais mille excuses, ma chère duchesse, de tout le bavardage que vous recevrez de moi. J'ai le malheur de m'égarer en vous écrivant. Je me crois assez heureux pour converser avec vous, et je m'étends au delà des bornes de la modération. Vous direz, en recevant celle-ci : Quel impitoyable raisonneur! Oh! que je me garderai bien de lui écrire, pour ne point m'attirer des épîtres qui m'ennuient, et qui ne finissent point! Et je l'aurais bien mérité, si je n'attendais pas mon pardon de votre extrême indulgence, à laquelle je n'ai lieu de prétendre qu'en faveur des sentiments de la haute estime et de la considération avec lesquelles je suis,



Ma chère duchesse,

de Votre Altesse
le fidèle cousin et serviteur,
Federic.