<280> événements, et combien de cas fortuits ne changent-ils pas les mesures, les calculs et les systèmes qu'on avait formés laborieusement pour parvenir à ce qu'on se proposait! Ainsi, ma chère duchesse, je crois que l'on se trompe souvent; pour moi, je sais que cela m'est arrivé plus d'une fois, et je crois qu'il en est de même de tous ceux qui se sont mêlés de la politique, les uns plus, les autres moins. Sans doute que nous résistons à la cour de Vienne dans certaines occasions d'éclat; mais, comme on ne fait aucune attention à un chien qui aboie toujours, mais bien à celui dont le cri dénonce des voleurs, nous tâchons quelquefois, mais à propos, de faire du bruit, et cela, seulement lorsque la cour de Vienne affiche trop le despotisme. Mais, madame, cela ne change rien à la nature des choses. Il faudrait négocier mille ans avec la cour de Vienne, et encore serait-ce du temps perdu. Vous savez le proverbe que, si quelqu'un a un soufflet en arrérage à demander à un ministre de l'Empereur, il sollicite vingt ans sans en obtenir le payement. Pour moi, qui ne veux ni soufflet, ni rien d'eux que la justice et la liberté de l'Allemagne, je suis presque sans cesse en dispute avec eux; mais ce n'est que par des victoires qu'on peut obtenir quelques conditions tolérables d'eux, et on ne se bat ni ne remporte pas la victoire tous les jours. Voilà, madame, de la façon que j'envisage les démêlés qu'on a avec ces gens-là. Une longue expérience me les a fait connaître, mais je les ai toujours trouvés tels que j'ai l'honneur de vous les dépeindre. Pour moi, vous me trouverez toujours le même, ma chère duchesse, et vous voudrez bien compter sur l'inviolabilité de mon attachement et sur la haute estime avec laquelle je suis,



Madame ma cousine,

de Votre Altesse
le fidèle cousin et serviteur,
Federic.