<298> français. L'on va cependant commencer incessamment aussi cette dernière traduction. Je dois prévenir V. M. de deux choses : l'une, qu'elle trouvera différents endroits qui lui paraîtront singuliers peut-être; je la prie de se souvenir que j'ai dû m'accommoder souvent au présent, et cependant ne point fermer le chemin à un avenir plus favorable; l'autre, que la langue russe est beaucoup plus énergique et plus riche en expressions que l'allemande, et en inversions que le français; preuve de cela, c'est que, dans la traduction, l'on a souvent été obligé de paraphraser ce qui avait été dit avec un seul mot en russe, et de séparer ce qui ne faisait, pour ainsi dire, qu'un trait de plume. Ceux qui ont reproché à cette dernière langue de manquer de termes, ou se sont trompés, ou n'ont point su cette langue.
Ce me serait une marque bien sensible de l'amitié de V. M. si elle jugeait à propos de me communiquer ses avis sur les défauts de cette pièce. Ils ne pourraient que m'éclairer dans un chemin aussi nouveau que difficile pour moi; et ma docilité à la réformer montrerait à V. M. le cas infini que je fais et de son amitié, et de ses lumières, étant toujours avec la plus haute considération,
Monsieur mon frère,
de Votre Majesté
la bonne sœur, amie et alliée,
Catherine.