<54> comme un véritable objet de la foi. J'espère que V. M. voudra bien, en grâce au moins du véritable jugement que j'ai porté sur tout ceci, me pardonner depositum, comme dit Horace, ob amici jussa pudorem,a et qu'elle me permettra de la féliciter encore une fois sur la prépositure que V. M. a sur les affaires d'Europe, qui est un objet réel et véritable. Si ses augustes ancêtres, pour me servir d'un morceau de harangue de V. M., levaient leurs têtes sacrées et poudreuses du fond de leurs respectables tombeaux, que de belles choses ne diraient-ils pas à V. M. pour avoir porté la grandeur de sa maison et la gloire de ses armes à ce point d'élévation que V. M. seule pouvait atteindre et saura conserver! Ils diraient de V. M., en style à la vérité un peu gothique, la valeur à peu près de ce que Virgile disait d'Auguste :
Imperium terris, animos aequabit Olympo.bJe commence à parler à V. M. le langage de ces Muses qu'elle va cultiver et caresser, pour qui la Sprée va devenir l'Hippocrène, et Rheinsberg le Parnasse. A propos de ces Muses, que V. M. va loger aussi superbement à Berlin, je la prie de me permettre de lui envoyer moi-même les trois inscriptions que j'avais imaginées pour les trois bâtiments que l'on va construire, à la requête de son architecte Apollodore;c elles sont un peu changées depuis le temps qu'elles ont été faites.
Pour le théâtre :d
Federicus Borussorum Rex compositis armis Apollini et Musis donum dedit;a Épîtres, l. c., v. 12.
b Énéide, liv. VI, v. 783.
c Le baron de Knobelsdorff. Voyez t. VII, p. 37-42.
d Dans sa lettre à Knobelsdorff, du 10 novembre 1742, Algarotti propose l'inscription telle qu'elle a été placée au frontispice de l'Opéra : Federicus (Fridericus) Rex Apollini et Musis. Voyez Opere del Conte Algarotti. Cremona, 1783, t. IX, p. 16.