134. AU COMTE ALGAROTTI.
Leipzig, 9 décembre 1762.
J'ai reçu avec plaisir la lettre que vous m'avez écrite, et ce que vous m'y dites de votre santé affaiblie me fait de la peine. J'espère que l'air doux que vous respirez la rétablira entièrement. Le climat où nous<144> sommes ne ressemble point au vôtre. Mais nous ne sommes pas si délicats; les fatigues qui renaissent sans cesse endurcissent. Mais, si j'avais le choix, j'avoue que je préférerais d'être le spectateur de ces scènes dont je suis acteur bien malgré moi. Tranquille dans ce beau pays que vous habitez, et dans le sein de la paix qui a toujours été l'objet de mes vœux, jouissez de votre bonheur et du repos, et n'allez pas sous ces arbres triomphaux rassembler un concile pour nous excommunier. Priez-y plutôt pour que l'on se joigne à mes vœux, et que l'on fasse cesser les calamités qui affligent l'humanité depuis si longtemps. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.