30. A LA MÊME.
Meissen, 20 novembre 1762.
Madame,
J'ai été fort flatté de la part que vous daignez prendre, madame, aux succès que nous avons eus durant cette campagne. Il serait à souhaiter que ce fussent autant de lignes qui aboutissent au centre de la paix. Cependant il faut espérer que nous en approchons, si même nous n'y touchons pas à présent immédiatement. Comme mes quartiers s'étendent, cette année, de Plauen et Zwickau vers Langensalza, et que je suis obligé d'en faire la tournée pour régler les choses nécessaires, mon chemin me conduirait naturellement à Gotha. Cependant, comme je sens, madame, que vous avez bien des ménagements à garder, et que je serais inconsolable de vous causer du chagrin, mandez-moi, je vous prie, naturellement, si mon passage pourrait vous porter quelque préjudice, ou non. Je suis persuadé, madame, de votre amitié; ainsi vous pouvez m'écrire ce qui vous convient, sans craindre que je l'interprète d'une manière différente. Si vous croyez que ce petit projet que je forme ne vous porte aucun préjudice, je passerai par Gotha, et vous n'avez qu'à paraître l'avoir ignoré<229> jusqu'à mon arrivée. Si, au contraire, cette démarche peut tirer à la moindre conséquence, je changerai mon chemin, et prendrai une route qui me détournera de votre voisinage. Je vous supplie de m'écrire tout naturellement, sans vous contraindre, car, persuadé, madame, de votre amitié, dont j'ai tant de témoignages, je vous supplie de ne pas croire qu'un refus altère en rien ma façon de penser à votre égard. Je suis avec tous les sentiments de considération et d'estime,
Madame ma cousine,
Votre fidèle cousin et serviteur,
Federic.