<100>sant la flotte française. Il ne reste pas un seul vaisseau à laFrance dans toute la Méditerranée, et les Anglais peuvent y donner la loi avec une seule escadre de trois ou quatre vaisseaux. Et voilà la prétendue descente en Angleterre évanouie, le Canada perdu, car je ne doute pas que Québec ne soit pris dans le moment que j'ai l'honneur d'écrire à V. M. La flotte de Brest n'oserait sortir; les Français sentent trop que, si elle était battue, leur marine serait entièrement ruinée et anéantie. Toutes les colonies de l'Afrique et de l'Amérique, toutes les côtes du royaume sont en proie aux Anglais. De quel endroit les Français pourront-ils tirer de l'argent pour suppléer à celui qu'ils ont déjà dépensé avec tant de profusion? Les parlements refusent obstinément d'enregistrer les nouveaux impôts. Enfin, la défaite de la flotte de La Cluea coûte cinq mille matelots pris ou noyés, perte irréparable pendant vingt ans. Lorsque l'on considère toutes ces circonstances, il est naturel d'en conclure que, si les Anglais offrent aux Français une paix tant soit peu raisonnable, ils l'accepteront, et quitteront leurs alliés, s'ils ne veulent pas concourir à une paix générale. Je suis persuadé, Sire, que les Français ont déjà renoncé à s'emparer de l'électorat de Hanovre; toutes les démarches qu'ils font encore ne sont que de vaines ostentations. Le désert du maréchal de Belle-Isle est une chimère dont la bataille de Minden aura désabusé le ministère de Versailles. Ajoutez à tout cela les neiges et les glaces qui vont venir dans trois semaines, les avantages que le prince Henri et le général Finck ont remportés, et vous conviendrez, Sire, que j'ai raison de dire que la fin de la campagne va bientôt redonner aux Anglais le moyen d'offrir aux Français une paix qu'il faut qu'ils acceptent bon gré ou mal gré, pour peu qu'elle soit raisonnable. J'ai toujours pensé, Sire, et j'en suis encore fermement convaincu, que cette ligue monstrueuse qui s'est formée contre V. M. aura la fin de
a L'amiral de La Clue fut défait par Boscawen à la hauteur de Lagos, le 17 août 1709. Voyez t. V, p. 42.